Frustrée

Katarina avait passé une matinée extrêmement désagréable. Premièrement, elle s'était levée en retard, donc elle n'avait pas eu le temps de déjeuner avant son premier cours (et c'est une mauvaise idée d'empêcher Katarina de manger le matin... à moins d'avoir des tendances suicidaires). Son premier cours était métamorphose. Elle DÉTESTE la métamorphose. La prof ne l'aime pas... et c'est très réciproque. Le moindrement que son esprit tend à vagabonder dans cette classe que la jeune fille met dans la catégorie des cours inutiles, la vieille chipie qui lui sert d'enseignante la réprimende. Ce matin, Katarina avait écopé d'une copie pour ne pas avoir fait son devoir. En fait, elle avait prévu le faire en vitesse le matin même mais.... étant donné l'heure de son réveil, c'était impossible de le faire.

Après le cours de métamorphose, cours de DCFM. Enfin un cours qu'elle aimait! Elle croyait que sa bonne humeur pourait revenir mais NON. Leur cher professeur les avait mit en binômes pour des travaux pratiques et elle s'était rammassée avec un petit boutonneux de Poufsouffle. Pendant toute la durée du cours, il n'avait cessé de lui faire des avances (que Katarina repoussait de plus belle à chaque fois). Il était tellement près d'elle que l'odeur nauséabonde qu'il dégageait avait réussi à donner des haut-le-coeur à la jeune fille.

Lorsque la cloche sonna, elle se rua vers la grande salle, mangea et se précipita à l'extérieur pour prendre l'air.

Elle détestait ce sentir comme ça. En rogne, comme prète à jeter un sort à n'importe quel imbécile qui lui parlerait.

Elle marcha sans direction précise et se retrouva au bord du Lac. Elle s'assit sur la rive, et la tête entre les mains, elle se dit * Mais qu'est ce qui se passe avec moi*

Nathan, comme à son habitude, tuait le temps à l'extérieur du château. Il tenait à profiter des belles journées et ce n'était certainement pas en restant enfermé dans sa salle commune souterraine qu'il prendrait de l'air frais!
Complètement dans la lune, appréciant chaque seconde de solitude, il ne put s'empêcher de voir une jeune femme passer en coup de vent, l'air furieux. Et, évidemment, il ne put s'empêcher de reconnaître Katarina. Il ne la connaissait que trop peu, en fait ils avaient passé ensemble la soirée du bal mais ça s'arrêtait là. Néanmoins, il ne pouvait se résoudre à laisser seule la jeune femme qui semblait prête à tuer quelqu'un dès la première remarque déplacée.
Il se leva donc, enleva les quelques brins d'herbe qui collaient à ses pantalons, et s'approcha de la jeune femme.

- Hey, Kat!

Il risqua un sourire, pas trop certain si la jeune femme voulait vraiment se faire déranger en ce moment.

Elle soupira lourdement en entendant qu’on l’appelait. Ne pouvait-elle pas avoir la paix juste pour un instant ? Elle leva la tête et posa un regard noir sur son interlocuteur. Regard qui s’adoucit, mais pas trop (vraiment pas beaucoup en fait) en reconnaissant Nathan, celui avec qui elle avait passé la majeure partie de la soirée du bal. Il était mignon et elle s’entendait très bien avec lui, mais elle n’avait envie de voir personne pour le moment. Mais vraiment… personne.

Elle lâcha un petit grognement qu’on aurait pu interpréter comme un bonjour à l’endroit de Nathan et retourna son regard vers le lac. Il était tellement calme et serein aujourd’hui, c’était en quelque sorte apaisant. Mais ça aurait prit une mer en furie pour pouvoir éteindre le feu en elle.

Sentant que le jeune homme n’allait pas la laisser tranquille de sitôt, elle demanda d’une voix plus sèche qu’elle ne l’aurait voulu.

-Que puis-je faire pour toi ?

C’est le genre de réplique qu’elle aurait dit à un plus jeune qui la scotchait ou à un autre parasite du genre (exemple : son petit frère).

Nathan fut désagréablement surprit de la réaction de Katarina. En fait, sans s'attendre à ce qu'elle soit carrément heureuse de le voir, il s'attendait à ce qu'au moins elle ne soit pas fâchée. Il eut un petit mouvement de recul et croisa les bras. Tout en le fixant bêtement, Katarina lui demanda ce qu'elle pouvait faire pour lui... Il fronça un peu les sourcils.

- Eum, rien, absolument rien Kat.. Katarina.

Il recula d'un pas ou deux, ne lâchant pas la jeune femme du regard. Le regard de la Serpentard était froid, noir, très dur. Celui de Nathan était plutôt doux, en fait, bien que son visage était redevenu neutre, on pouvait le voir sourire au travers ses yeux.

Elle se sentait absolument seule et vulnérable. Elle n’avait pas voulu être aussi bête avec Nathan, mais c’était sorti tout seul. Elle regarda le seul, pila sur son orgueil et dit :

-Non attends, désolée… je ne voulait pas être aussi bête... c’est juste que *soupir* je ne me sens pas très bien, je suis un peu sur la défensive. Désolée que ça aie du sortir sur toi.

Son regard n’avait quitté le sol, mais la frustration l’avait presque quitté au complet. Néanmoins, la colère avait laissé place à quelques larmes silencieuses dont une qui commençait à couler sur sa joue.

Elle eut un petit rire jaune et leva les yeux au ciel. Parfois, elle avait l’impression que tout ce qu’elle était partait et la laissait toute faible au beau milieu de nulle part. Toute son assurance disparaissait et elle n’était plus l’ombre de la digne descendante de Severus Snape, ce qui la décourageait au plus au point. C’est dans ces moments de déprime qu’elle en venait à douter sur elle. Peut être le choixpeau aurait-il eu raison d’avoir voulu la placer à Gryffondor au début. Elle n’arrivait même pas à rester impassible devant les obstacles.

Elle passa sa main dans ses cheveux déjà défaits et du revers de la main, elle essuya ses yeux. Puis, elle leva le regard et lui dit d’une voix à peine inaudible.

-S’il-te-plait, tu veux bien… rester avec moi un moment.

Puis, son regard retourna vers le sol.

Nathan fut incroyablement touché par le ton piteux de Katarina lorsqu'elle lui demanda de rester avec elle. Évidemment qu'il allait rester avec elle.. Il savait bien que, lorsqu'on avait un de ces coups de cafards, la pire chose à faire était de rester seul. Dans ces moments de solitude non désirée, on finissait toujours par aller encore plus mal et s'appitoyer lamentablement sur son sort. Il était certain que Katarina était une femme très forte mentalement, mais en même temps, il imaginait qu'elle était en quelque part vulnérable.

Il vint donc s'asseoir près de la jeune femme, mais pas assez près pour entrer dans sa bulle. Il lui jeta un regard mais, voyant qu'elle pleurait, préféra regarder ailleurs. Il ne connaissait pas assez Katarina pour savoir sa réaction, mais les rares personnes qu'il avait vu pleurer dans sa vie avaient toujours préféré le faire seul, lui compris.

- Dis moi, qu'est-ce qui se passe pour que tu aies une aussi mauvaise journée?

Katarina sourit un peu, ne serait-ce pour montrer à Nathan qu'elle n'allait pas SI mal que ça, mais que sa présence la réconfortait.

-Oh! un gros rammassi de pleins de trucs inimportant. Comme un réveil qui ne sonne pas ou une avant-midi merdique. Une simple déprime passagère, enfin, je crois, j'espère, plutôt.

Elle se ressaisit, sentant qu'elle "repartait" vers le non-contrôle d'elle même.

-Ça ne t'arrive jamais de te sentir désemparé? De n'avoir plus aucun repère autour de toi? D'avoir l'impression de ne pas pouvoir se raccrocher à quoique ce soit car rien est assez solide pour suporter le poids que tu as sur les épaules? Je me sens parfois si seule parce que tout bouge trop vite autour de moi. J'ai l'impression que je n'arrive pas à les rattrapper, même si je cours vite. N'avoir le goût de rien, sentir un poids immense sur son coeur en permanence.... Ça t'arrive parfois de ressentir ça??

Elle eut un petit rire, le premier depuis deux jours.

- J'ai parfois du mal à croire qu'une journée je suis une parfaite petite Serpentarde, et le landemain, je suis assise dans l'herbe, les cheveux défaits, à raconter mon désarroi à un mec auquel je n'ai parlé une seule fois dans ma vie. Ironique, nan?

Elle baissa la voix

-Quoiqu'il en soit, merci de me tenir compagnie.

Nathan eut un sourire qui rapetissait à mesure que Katarina se vidait. Que la jeune femme se sente un peu seul n'étonnait en rien le jeune homme, mais qu'elle commence à croire qu'elle perdait le contrôle de sa vie, ce n'était pas normal. Instinctivement, sans même se demander si ce geste semblerait déplacé pour la jeune femme, Nathan replaça une mèche des cheveux de Katarina derrière son oreille. Puis, il la regarda droit dans les yeux et esquissa un sourire.

- Je crois que c'est tout à fait normal Kat.. Il y a de ces journées, nulles à fond, qui nous donnent presque envie de tout abandonner. Tant qu'elles ne sont pas trop nombreuses, ça va.. Mais si il y a plus de mauvaises journées que de bonnes, alors tu devras te poser des questions.

Nathan détourna le regard vers la main de Katarina, qui était posée sur sa cuisse.[Oula, je suis rebel, j'invente un truc pour toi!] Il posa sa propre main sur celle de Katarina espace d'un court instant, puis la retira.

- Et ne t'inquiète pas, je suis certain que tu es en effet une parfaite Serpentard... Ce n'est pas parce que tu parles à un quasi inconnu et que tu te sens un peu seule que tu n'es pas une vraie Serpentard... Tu es avant tout une humaine, et tous les humains ont des sentiments, et c'est tout à fait normal.

Nathan marqua une courte pause, son sourire s'élargissant. Il jeta un petit regard en biais à Katarina.

Elle passa sa main dans ses cheveux.

-Ne t’en fait pas Nathan, dit-elle, je n’ai pas de pensée suicidaire ou quoique ce soit c’est juste que…. Je me sens un peu au bout du rouleau ces temps-ci

Elle sentit la main de Nathan se poser sur la sienne et pour une raison qu’elle ignorait, ça la rendit toute chose. Elle lui sourit quand il lui affirma être certain qu’elle était une vraie Serpentard. Savoir que quelqu’un de sa propre maison le reconnaissait lui redonna un peu confiance en elle. Après tout, elle était humaine bien avant d’être une Serpentard ou la descendante de Severus Snape.

Lorsqu’il lui sourit, elle son propre sourire s’élargit et pencha sa tête vers le jeune homme lorsqu’il lui jeta un regard en coin. Ils étaient déjà près l’un de l’autre, ce qui faisait que la tête de Katarina était accotée sur le bout de l’épaule de Nathan.

- Merci… dit-elle d’une vois très faible.